Angel Alonso (1923-1994)
Peintre d’origine espagnole, né à Laredo, en Cantabrique, Espagne, le 4 mars 1923. En 1947, après quelques années de formation autodidacte, il quitte l'Espagne pour s'installer à Paris.
Une série de rencontres heureuses orientèrent la première étape de son travail. Ses premières influences picturales lui viendront de Vieira da Silva, Arpad Szenes et surtout de Nicolas de Staël et Pierre Tal-Coat, au même temps qu'il se sent attiré par la couleur et les collages de Matisse.
Alonso refuse en 1952 d'exposer à la prestigieuse galerie Jeanne Bucher prétextant qu'il se sentait trop "harcelé".
Il expose en 1955 à la galerie André Schoëller, qui à cette époque était le représentant d'artistes tels que Rebeyrolle, Fautrier, Messagier, Duvillier, Gnoli, Arroyo, etc. A partir de cette exposition ses matériaux deviennent plus denses.
Il peint en 1957-58 une série de toiles inspirées du tableau de Turner "Les Funérailles en mer de Sir David Wilkie".
Ce sont les années de sa rencontre fraternelle avec Maria Zambrano. A la lumière de ces rencontres Alonso initie son propre chemin.
Il s'installe en 1960 à Genainvillier, près de Chartres, qui deviendra, à partir de ce moment son lieu de réflexion et de recherche, centrée principalement sur la couleur.
A partir de 1960 et pendant plus de vingt ans, Alonso se tiendra pratiquement éloigné du marché de l'art. Il se consacre à la peinture comme exigence spirituelle, toujours en contact avec la terre et la nature.
Ce sont des années intenses marquées par un retour progressif vers l'essentiel qui se traduit surtout dans la couleur et dans les matériaux. Il commence la série des grand tableaux noirs composés à partir de poudre de charbon, de végétaux brûlés, de paille, de feuillage, de terres qui confèrent au tableau une consistance et une intensité unique. Simultanément il crée d'autres oeuvres sur bois, carton ou papier où il poursuit son travail de recherche et de réflexion sur la couleur.
Il retourne en 1982 à Paris, et s’installe dans l'ancien atelier de Tal-Coat.
Cette année-là, il expose à la galerie Cahiers d'Art. Dans ces travaux, la couleur constitue le paysage même. Avec une maîtrise exceptionnelle des matériaux, il n'hésite pas à inventer ses rouges, verts, jaunes, oranges... qui jaillissent de la surface poreuse de ses tableaux.
Entre 1986 et 1989 il effectue plusieurs expositions à la Galerie Barbier. Les rouges, les blancs et les jaunes, s'étendent sur la toile, jalonnés d'interruptions d'espaces, poussant la couleur jusqu'aux extrêmes mêmes du tableau.
Dans ces travaux il a laissé de côté les bonnes relations et les influences de son ami Tal-Coat ainsi que la voie ouverte par Matisse. Il prend parti pour une exigence plus radicale qui subordonne son langage pictural à une écriture essentielle dans laquelle la matière et la couleur se réunissent définitivement.
La série « Désastres », exposée en 1992 à la Galerie Sapone de Nice, constitue l'aboutissement de sa dernière recherche. Il abandonne à nouveau ses jaunes, verts, terres pour retourner au noir et au blanc comme dernier refuge dans lequel il se sent sûr.
Ses derniers tableaux, des petits formats - esquisses possibles pour un temps qui ne viendra jamais - bouclent le voyage de son oeuvre et de sa vie.
Il meurt à Paris le 20 décembre 1994.
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Il a particulièrement étudié les traités anciens sur les matériaux de la peintiure et s’est constitué sa propre technique.
Dans ses peintures, la matière pigmentaire est toujours généreuse. Toutefois on peut distinguer les peintures dans lesquelles la matière est prééminente et celles où la qualité de la couleur domine. Michel Faucher en écrit : « L’œuvre s’impose par la sobriété de ses grands aplats faits de cette étrange matière dense, rugueuse, qui nous ramène à une sorte de sauvagerie primordiale. Des œuvres brutes, sensuelles, physiques, faites de terre et de lumière ».
Ces peintures phénoménologiquement abstraites pour le regard du spectateur, sont pour Angel Alonso les paysages fidèles de ses jours à travers la campagne ou des souvenirs qu’il s’en remémore dans le silence de son atelier parisien. Ce qui fait la différence entre son regard et le regard de l’autre, c’est que du paysage étendu là sous ses yeux, il a su n’en retenir que l’identité profonde, hors anecdote, la saveur mêlée d’un humus et d’une saison.
Jacques Busse, in Bénézit, 1999
Principales expositions collectives
- 1951/1952 Salon des Réalités Nouvelles et Salon de Mai
- 1952 Salon d’Octobre
- 1960 Antagonismes au Musée des Arts décoratifs, Paris
Bibliographie
- Dictionnaire Bénézit, Ed Gründ 1999
- Alonso, Michel Faucher, Cimaise septembre 1988
- Angel Alonso, Françoise Magny, Beaux-Arts Magazine, 1988
- L’Ecole de Paris 1945-1965, Lydia Harambourg, Ides et Calendes, 1993