BERNARD QUENTIN
1923 Né en Picardie, à Flamicourt. Etudes secondaires en province
1940 Vit le plus souvent à Paris afin de poursuivre des études artistiques (Ecole nationale des beaux-arts et Ecole des arts décoratifs) peinture, sculpture, architecture. Diplôme. Participe à la Résistance : de 1942 à 1944, agent P2 Réseau Manipule, armée de l'air.
1945 Démobilisation. Après avoir vu les camps de la mort. Adhère alors à des mouvements d'extrême gauche et de ce fait rencontre Picasso à la Maison de la Pensée à Paris. Le revoit souvent et subit son influence. Transpose ainsi les formes aiguës de son Guernica en une écriture abstraite assez expressionniste qui décrit les horreurs de la guerre (livre de dessins et gouaches, expositions au "Salon des moins de trente ans".
Devient un fidèle de Saint-Germain des Prés où il fait la connaissance de Sartre, Artaud, Eluard, Ernst, Giacometti, Boris Vian, Tzara, Benjamin Péret, etc.
Mais fréquente surtout Wols, Bryen, Michel de Ré, Greco, Astruc, Pommerand. Ainsi que Prévert, Gatti, Merleau-Ponty, Beauffret, Hubert Juin, J.-J. Marchand, H. Langlois, Aghion, Isou, Roger Blin, Roger Vaillant.
1945 Première exposition personnelle : Maison de l'université, Galerie des Etudiants d'Art, place de la Sorbonne. Exposition qui circulera ensuite à Zurich, Berne et Genève (en 1946). A Berne il découvre certaines oeuvres de Paul Klee, dans la maison de son fils, qui sont des écritures d'influence orientale et africaine. Ce primitivisme poétique le séduit et l'éloignera de l'expressionnisme abstrait.
1946 Il montre ses premiers idéogrammes-écritures grâce à Gérard Jarlot et J.-J. Marchand, dans une exposition de groupe, Galerie du Luxembourg, rue Gay-Lussac, Paris. A cette occasion il fait la connaissance de Léon Degand, grand défenseur de l'art abstrait et critique aux Lettres Françaises qui le fait inviter au Salon des Réalités Nouvelles de 1947 mais lui conseille une écriture plus abstraite, plus géométrique et surtout moins primitive, en oubliant Klee et en regardant plutôt les dernières oeuvres de Kandinsky.
1947 Montre ainsi, dans cet esprit, la première grande toile (2 m x 1,40 m) aux "Réalités nouvelles" et "Sur 4 murs" chez Maeght, mais revient presque aussitôt aux sténo-graffiti automatiques, aux idéogrammes et aux signes qu'il juge plus spontanés et plus poétiques.
Voyage dans le Midi de la France, l'Italie, les Alpes et va relever les inscriptions rupestres de la Vallée des Merveilles. Il retrouve Maeght à Cannes qui l'invite à la première exposition des "Mains éblouies" où il exposera une petite toile avec idéogramme et des sténograffiti sur papier.
Poursuit ses voyages, en Scandinavie, et expose à Stockholm, Galerie Samlaren, avec Wols, sans grand succès. Parvient cependant à vendre ses oeuvres anciennes et figuratives. Ce qui lui permet de prolonger son séjour pendant une année, d'étudier les écritures runiques et d'aller l'hiver en Laponie.
Retour en Italie après un arrêt en Allemagne et en Suisse. A Turin, un ami philosophe lui fait connaître les oeuvres futuristes avec écritures automatiques et lettres monumentales. Il envoie une gouache avec idéogrammes aux "Mains éblouies" Galerie Maeght. Rentre en France en juillet. Rencontre à Cannes Dmitrienko et Rezvani qui lui présentent Arnal et tous décident de former un groupe d'artistes abstraits non géométriques et poétiques. Ce qui aboutit d'abord à la création d'un club "La Boîte à ordures" de style Saint-Germain des Prés entièrement décoré de graffiti.
A Paris, par Chapoval est présenté à Charles Estienne qui préconise un engagement sans équivoque pour un art abstrait lyrique, tandis qu'Hartung lui conseille de plus grands formats avec une écriture plus ample et plus gestuelle.
1949 Maeght propose de mettre à la disposition des jeunes artistes la Galerie Mai, rue Bonaparte. Ainsi se forme le Groupe Arnal, Dmitrienko, Rezvani, Quentin et quelques autres. Puis, retour momentané à l'architecture pour étudier avec Le Corbusier et Trouin-Montalté l'implantation d'une Cité d'artistes à la Sainte-Baume, que ceux-ci pourraient construire eux-mêmes, suivant la loi des castors.
Parallèlement, réalise différents travaux d'architecture ou en collaboration avec des architectes, pour l'intégration de la poésie et de la couleur dans l'environnement par le scriptural monumental : mosaïques, vitraux, tapisseries, polychromies urbaines, espaces verts.
1950 Expo personnelle à la Galerie Mai-Maeght, abandon progressif de l’écriture minuscule pour des signes plus grands, plus architecturés.
1952 Evolution des signes vers des formes moins géométriques pour devenir dynamiques, gestuels et épiques.
1954 Période des Batailles. Voyages au Brésil, au Pérou et en Afrique : polychromies d'immeubles à Niamey Bamako.
1957 L'évolution de sa peinture tend de plus en plus vers l'éclatement de signes pour se dissoudre dans "1a matière" qui devient prépondérante. Michel Tapié le fait entrer alors à 1a Galerie Stadler dont c'est la tendance. Mais la "matière" devenant une mode envahissante il recherche maintenant 1a fluidité des lavis pour exprimer en peinture l'eau, l'air, la lumière.
Exposition personnelle Galerie Craven Galerie Iris Clert, et exposition "Hommage à Monet", Galerie Saint Germain, Paris.
1959 Cinquième exposition personnelle à Paris, Galerie des 4 Saisons.
1960 De ses espaces flous se transformeront ensuite des grouillements de foules avec écritures et contrepoints et en graffitis géants. Les lettres et les mots sont alors isolés pour devenir le thème principal du tableau.
Quentin retourne en Italie, il habite Milan pendant deux années. Devient l'ami de Fontana, Manzoni, Castellani. Retrouve Rotella, Yves Klein, Spoerri, Arman qui effectuent là de fréquents voyages.
1961 Montre ses oeuvres à Turin chez Pistoï, à Milan chez Apollinaire (Le Nocci).
Il entreprend des recherches chez Olivetti avec des machines : oscilloscopes ordinateurs, etc. Montre ces travaux à la "Piccola Biennale" d'Iris Clert à Venise. Crée sa première sculpture gonflable chez Pirelli Cybule I. A partir de cette époque, délaisse totalement la peinture, au terme d'une longue réflexion personnelle et de fréquents échanges avec Fontana, lequel par 1e "spatialisme" prône un art élargi et libéré du carcan du tableau.
En conséquence, il change l'échelle de ses oeuvres et prend position contre l'Art-marchandise pour se consacrer à la transformation de l'environnement par l'architecture-sculpture, le monument, le design, avec participation du public. Parce que le rôle de la peinture lui semble subitement dérisoire dans la communication visuelle de notre civilisation.
1963-64 Part aux Etats Unis où il habitera pendant deux ans. Son arrivée coïncide avec la pleine mode du Pop Art et la pleine hostilité envers Paris. Il expose avec beaucoup de difficultés une sculpture gonflable palpitante à respiration programmée (Cybule III) au World’s Fair, sans grand écho. Dali toutefois l’encourage et voit en lui le pionnier de l’art cybernétique et de l’écriture électronique.
Alors que le Pop Art monopolise l’intérêt, il rencontre à nouveau son supporter, L. Alloway, directeur du Musée Guggenheim, où il devait faire ce que l’on appelait alors un happening. Finalement, il se heurte à un refus : Son interlocuteur parle à nouveau de la « peinture éternelle » et ne veut plus entendre parler de sculptures gonflables et de paysages monumentaux. Quentin, néanmoins devient l’ami de Liechtenstein, Warhol et aussi de Duchamp qu’il a connus grâce à Arman (dont il partage l’atelier).
Il va ensuite au Texas, où son travail est plus apprécié. Notamment par Dominique de Menil et Sweeny à Houston.
1966 Retour en Italie pour réaliser d'autres structures gonflables avec Plasteco-Milano (en P.V.C. soudé). A New York pour présenter à nouveau l'environnement gonflable dans le "Ball Room" du Waldorf Astoria et au Central Park sur l'eau, cette fois avec succès.
1967 Exposition d'un environnement gonflable à Paris, à Neuilly au Studio-Ciné de Gunther Sachs. Au Blow-Up Club de Milan.
1968 Nouveau séjour en Italie. Recherches sur le design chez Gavina à Bologne, Cassina à Méda, Zanotta à Monza. Réalise à Modène une carrosserie de voiture qui courra aux "24 heures du Mans" (Volpi Serenissima).
1969 Sculptures géantes gonflables et flottantes pour Jeux nautiques sur la Méditerranée (Port-Barcarès).
1970 Conception du Pavillon français pour Osaka 1970 au Japon, structure gonflable.
1974-1975 Bicentenaire des U.S.A. Création de la Vénus gonflable et de poèmes gonflables et ambulants.
1976 Arrêt des structures gonflables pour revenir au scriptural monumental, aux Rues-Poèmes et Objets-Poèmes, Bijoux, Livres, etc. Plus tard, ce seront les alignements pour autoroutes.
1977 Co-fondateur de "Art + groupe de 12 artistes réunis autour dé Restany : Damian, Soto, Raynaud, Messagier, Kowalski, Malaval, Sanjovan, Xifra, Forest, Miralda, Enu afin de prolonger l'art dans l'environnement.
1978 Exposition Unesco et Galeri Larcade, Paris : "L'Art dans le Désert" Exposition au Forum des Halles, Paris (pour l'inauguration) "Monument anamorphoses".
1979-1980 Voyage en Arabie Saoudite pour commencer l’édification des monuments dans le désert (à Ryad et Djeddah)
1985 Expositions à Sao Paulo (Galerie Friegeredo) et à Rio de Janeiro (Galerie Bonino)
1986-87 Expositions à Munich, Bruxelles, Nice, Ajaccio, Paris (Galerie Broomhead)
1990 Exposition Maison de la Culture de Picardie, à Amiens
2003 Exposition Galerie Meyer, Art Paris, Carrousel du Louvre