Peter Foldès (1924-1977)
Artiste universel qui a dominé toutes les techniques et en a inventé plusieurs, Peter Foldès a influencé le graphisme contemporain au point qu’on ne sait plus dans quelles disciplines il s’est exprimé avec le plus d’aisance, de plaisir ou d’autorité. Il a tout pratiqué, la peinture, le film, l’objet, le dessin animé, la bande dessinée, l’électronique, et a tout fondu en une œuvre protéenne, éclatée, qui déjà stimule maints disciples.
Hongrois né à Budapest en 1924, Peter Foldès a étudié la peinture à l’École des beaux-arts de la capitale, où il professa même à l’âge de vingt ans, puis à la Slade School of Art de Londres, où il subit l’influence de Henry Moore, de Graham Sutherland et de Francis Bacon, alors fort peu en cour. Mais, déjà, il s’irritait du statisme de la peinture en une époque qu’il voyait vouée au mouvement.
Attiré par le cinéma en 1951, il réalise son premier film de peinture animée, Animated Genesis, qui obtient en 1952 le grand prix du film en couleurs au festival de Cannes, puis, en 1954, A Short Vision, également en peinture animée, cri de colère antinucléaire (il s’agit, narré en termes visionnaires, d’un holocauste atomique frappant toutes les espèces vivantes et la nature elle-même). L’animation anglaise encore très traditionnelle, et fixée avec John Halas et Joy Batchelor sur le modèle académique de Walt Disney, en fut littéralement abasourdie et, malgré un grand prix à Venise en 1956, Foldès rencontra dans son pays d’adoption une incompréhension totale.
Il s’installe donc à Paris et revient à la peinture, mais à une peinture narrative, tridimensionnelle, exposée dans de nombreux pays (Brésil, États-Unis), qui expérimente des variations multiples sur le mouvement, peinture sur photos, tableaux mouvants accompagnés de déformations optiques, tableaux dits « motorisés » où s’inscrivent des objets à base de tubes au néon ou d’arbres à cames qui constituent un art délibérément cinétique.
Il est l’un des pionniers de l’animation par ordinateur.
Son film « La Faim » reçoit le Prix du jury dans la catégorie "court métrage" au Festival de Cannes de 1974 et une nomination aux Oscars en 1974.
Il participe en 1968 à l’exposition du groupe OPA de Paris, à la Galerie Il Giorno à Milan, avecKey Hiraga, Hugh Weiss, Yannis Gaïtis, Edgard Naccache et Michel Macréau.
(Sources : Robert Benayoun, Universalis)
"Foldès cherche dans ses tableaux motorisés, ses films et ses compositions picturales, à réaliser une sorte de geste narratif de l’homme en lutte avec ses monstres. Ses personnages, qui n’ont aucune identité permanente, se métamorphosent selon les caprices d’une imagination fluide et malicieuse pour animer de petits contes pervers dont la moralité acide laisse comme un malaise" (Gérald Gassiot-Talabot, Bande dessinée et Figuration Narrative, Musée des Arts Décoratifs, Paris, 1967)