Emile Gilioli (1911-1977)
Ses études primaires achevées, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Nice (1928). Ces influences méridionales seront tempérées plus tard par son entrée à l’atelier de Jean Boucher à l’Ecole des Beaux- Arts de Paris. Ensuite, ce seront Brancusi, Laurens, Picasso, Duchamp-Villon et d’autres contemporains qui enrichiront son horizon.
Démobilisé à la débâcle de 1940, il s’établit à Grenoble où il rencontre André Farcy et le peintre Closon, avec qui il se lance dans la voie de l’abstraction. Autres facteurs de son développement artistique : sa rencontre avec Deyrolle et Dewasne, son adhésion à leur groupe d’art abstrait qui expose en 1947 à la Galerie Denise René.
Néanmoins, malgré l’influence de la capitale, Gilioli continue à partager son temps entre Paris et Saint-Martin-de-la-Cluze, dans le Dauphiné. Il a réalisé pour cette région différentes commandes : un Christ pour l’église du Sacré-Coeur de Grenoble (1941), le Mémorial de Voreppe (1946), un Monument aux Déportés (Grenoble 1950), ainsi que d’autres monuments à la Chapelle-en-Vercors et à Vaissieux.
Gilioli raconte : « Lorsque je trouve un galet dans un fleuve, je suis touché comme lorsque je vois une belle femme, un bel arbre, des montagnes, une fleur. » En d’autres termes, il est constamment tenté par la matière, la texture, le galbe des volumes et la continuité soutenue des lignes.
Quoi qu’il en soit, son exposition particulière de 1958 chez Louis Carré révéla les oeuvres en marbre, en granit, en agate. Parmi elles, se détachaient des bronzes étincelants. Toutefois, en dépit des surfaces impeccables et du soin non dissimulé du poli, son oeuvre présentait un élément inattendu. Ici, un plan subitement déplacé, en venant altérer discrètement le rythme, déjoué tout soupçon de préciosité. Il se peut qu’un rappel de Brancusi, de Arp ou des Primitifs, pointe parfois dans le plain-chant de Gilioli, mais il est évident qu’il a avant tout le désir d’atteindre quelque chose de monumental.
- « Chez Gilioli, toute la sculpture est ordinairement une masse polie. Aussi la lumière y glisse-t-elle doucement et, quand l’oeuvre est un bronze, elle s’y mire, comme elle le fait chez Brancusi. Mais ici les blocs sont moins fermés que chez le maître roumain : la courbe est souvent contredite par des droites, la forme arrondie par des plans anguleux. Plus que Brancusi, Gilioli insiste d’autre part sur le poids de son matériau, de sorte que ses oeuvres apparaissent drues et précieuses tout ensemble ».
J.E. Muller, L’Art au XXe siècle, Larousse 1967
- « Je n’aime pas les sculptures tristes. J’ai eu recours au polissage pour rendre mes bronzes plus gais. Il y a dans le polissage une part de rigueur et une part de tendresse. La matière polie est plus dense, plus tendue dons plus rigoureuse. Et en même temps les plans sont lisses, la lumière glisse sur leurs pentes nettes et les caresse. »
Emile Gilioli
Musées
Paris, Musée National d’Art Moderne ; Parc Floral de Paris ; C.N.A.C. Paris, Nantes , Grenoble, Dijon, Londres, Anvers, Helsinki, Sao Paulo, Miami, New York, Chicago, Stockholm, Cincinnati, Seattle, Jérusalem, Tel-Aviv, Bruxelles, Oslo, Pittsburgh, …