Hermine Chastanet (1919-2009)
Née à Lyon en 1919, Hermine Chastanet poursuivit une formation en Architecture et en Ethnologie. Tout au long de sa formation et de son riche parcours artistique elle ne cessa de s’entourer de grands artistes avec lesquels elle collabora étroitement (Le Corbusier, Gleizes, Léger, Bloc), notamment dans l’approche de la Synthèse des Arts (intégration de l’art dans l’environnement social et urbain).
Formation
Architecture : Ecole des Beaux-Arts, atelier Gromort-Arretche ; Le Corbusier « Architecture et Urbanisme
Arts Plastiques : Ecole des Arts Appliqués de la Ville de Paris
Arts Graphiques : Institut National des Industries et Arts Graphiques
Peinture : Sous la direction d’Albert Gleizes et Fernand Léger
Sculpture : Sous la direction de André Bloc
Théologie : Université Catholique de Paris (cours de J. Daujat)
Philosophies et religions orientales : avec Jacques de Marquette
Astrologie : avec A. Marchon, L.Lasson, Hades
Mouvements Artistiques
- Membre du C.I.A.M. « Groupe Le Corbusier, Ascoral » Section Synthèses des Arts
- Un des 5 créateurs du « Groupe Espace » au Salon des Réalités Nouvelles
- Responsable de la Section Animation Urbaine au Salon Comparaisons de Paris
- Fondatrice et animatrice d’un groupe d’animation urbaine « Formes et Vie »
- Directrice à partir de 1951 de la revue Formes et Vie (Comité de patronage : Le Corbusier, D. Daura, A. Gleizes, F. Léger, F. Sides)
- Au Centre de Recherche Pédagogique de Sèvres, a dirigé les cours d’architecture et de synthèse des arts pendant 3 ans en collaboration avec Henriette Noyer.
« Hermine Chastanet s’est servie d’éléments en polyester fabriqués en série, en l’occurrence des fragments de coques de voitures Matra pour construire son totem « Hataram ». Sa démarche est un peu analogue à celle de Arman, lorsqu’il se sert d’éléments en tôle formée et laquée normalement destinés à devenir des portes ou des capots de voitures Renault. Elle vise à révéler le contenu poétique de ces produits de l’industrie qui, souvent, nous échappe, lorsque nous n’en voyons que le banal.
- Je crois que l’Art est le reflet et le témoignage d’une époque, déclare Hermine Chastanet.
- L’artiste n’a pas droit de s’y soustraire.
- Par tous les moyens dont il dispose, le créateur doit essayer de la comprendre, de l’assimiler, pour l’humaniser et l’embellir.
- Il y eut l’âge de pierre, l’âge de fer, l’âge de bronze … Nous avons connu l’âge du verre et celui du papier, etc. Nous sommes à l’âge de la Chimie, de la Physique et de l’Electronique.
- Comment est-il possible de ne pas participer à ce monde magique et si dramatiquement grandiose.
- Pour ma part, je refuse de me protéger ou de m’aider en me servant de procédés aimables, déjà reconnus et acceptés qui, avec du métier, donnent presque à coup sûr droit à la réussite et à la considération de ceux qui sont plus instruits que cultivés et ont perdu la jeunesse et l’imagination créatrice.
- J’ai pour habitude de m’exprimer sans rien renier et sans tricher. Je fais de même lorsque je me sers de mon langage artistique. »
Hermine Chastanet, Salon Europlastique, Paris, 1970
« Dans un siècle où, non seulement l’humanité, mais le monde, est à la croisée des chemins, où chacun s’interroge, en cultivant l’illusion ou l’angoisse sur le devenir de l’homme, Hermine Chastanet nous apparaît comme une sorte de médium visionnaire.
Depuis 1953, elle nous a donné l’habitude de nous entrainer à sa suite dans le monde cosmique, par des premiers plans d’une audace, d’une violence de tons et de formes, où la matière est serrée, compacte, sur laquelle la lumière se reflète mais ne traverse pas. Ce sont des rouges sur rouge, des violets sur bleu, des bleus sur vert, des jaunes sur jaune ; formes pleines, fermement délimitées où tout est à sa place, et où le blanc est toujours là, présent et insolite.
C’est là sa première manière de nous parler de l’homme et du cosmos.
Ensuite au flash des gros plans, se substituent lentement les panoramas cosmiques. Tout est éther, mouvement, transparence, la lumière passe partout, englobe tout, absorbe le détail ; les contours de toutes choses disparaissent, tout est informel et en puissance de devenir. Les déflagrations atomiques créent sous nos yeux des mondes qui se stabilisent ou disparaissent …et les habitants du cosmos passent, se croisent, observent, mais eux-mêmes sont traversés par la lumière, et semblent aussi insaisissables que les nuages.
Les « macrocosmes » comme elle les dénomme, serpents ou vampires du cosmos, donnent l’impression d’un réel irréel. Nous sommes en plein monde maya, et en pleine réalité.
Nous sommes hier, aujourd’hui et demain. Nous sommes dans le monde étrange, hypnotique et visionnaire de Hermine Chastanet.
Jean-Robert Mütz